- Prix Franz Hessel ,
- Saison 2022/2023 ,
- Saison 2024/2025
Née en 1959, Maryline Desbiolles est une écrivaine française. En 1981, elle crée une revue de poésie et de littérature, Offset, puis en 1990, La mètis. Elle est l’autrice d’une trentaine de livres, dont, aux éditions du Seuil, Anchise, prix Femina 1999. Elle a aussi écrit des fictions pour France Culture – Vous, Les petites filles, Frictions, Les Corbeaux – et produit plusieurs émissions – L’arrière-pays niçois : l’épreuve du rêve, Nice, ville perdue ? et Zéphirin des montagnes. Charbons Ardents (Seuil, 2022), retrace l’histoire de la Marche de 1983, pour l’égalité et contre le racisme, de Marseille à Paris, et interroge notamment nos liens avec l’Algérie. Il a reçu l’année de sa parution le prix franco-allemand Franz-Hessel. En 2023, paraît Il n’y aura pas de sang versé, paru chez Sabine Wespieser éditeur en 2023, traite la grève des ouvrières de la soie à Lyon en 1869, la première grève de femmes connue. Son dernier roman L’Agrafe paru également chez Sabine Wespieser éditeur en 2024 suit l’histoire virevoltante de Emma Fulconis à l’Escarène, dans le coeur de l’arrière-pays niçois où se mêlent tragédie et questions de mémoire de la guerre d’Algérie.
Un chien noir, familier et inquiétant à la fois, traverse le livre et le paysage. Ce paysage, c’est celui d’Anchise, apiculteur farouche, veuf inconsolé qui, sur le tard, s’est suicidé par le feu. Aubin était alors un enfant. Il a peu connu son grand-oncle, mais en secret il a joué dans sa maison abandonnée. Au bord de la route, pas très loin de Nice, pas très loin de la ville et déjà à la campagne, minée par les pavillons et leurs clôtures en plastique. Depuis, la maison a été rasée et remplacée par une déchetterie. Et c’est là que, adolescent, Aubin, à deux pas de chez lui, franchit sa propre clôture, le périmètre très étroit de sa famille.
Depuis quelque temps le personnage de ma grand-mère italienne, ce que je savais d'elle, mais surtout ce que je ne savais pas, pas bien, me tirait par la manche, faisait des apparitions dans mes livres. J'ai voulu voir de plus près. Je suis allée à Turin, où elle s'était rendue dans les années 30, en plein régime mussolinien, pour accoucher de son deuxième enfant, accompagnée du premier-né, Primo, qui disparut alors mystérieusement. Je suis allée à Annecy où l'empoigna un autre drame, à la Libération, en pleine fête du 14 Juillet. À Annecy où elle est morte au début du troisième millénaire.
C'est d'abord l'histoire d'une fuite, une fuite à toute allure vers le sud, dans l'émerveillement qu'on a du mal à refuser, une fuite encore plus au sud auquel on croit toujours même si on a commis l'irréparable. On va en Italie, jusque dans les Pouilles, à Bari au bord de la mer. C'est une ville déjà tournée vers l'Orient mais qui a l'air peu ou prou de la ville d'où on vient et les femmes qu'on y rencontre ressemblent à s'y méprendre à celles qu'on a laissées derrière soi. Tout voyage, toute idée de voyage est impossible. Plus on s'approche de l'Étranger, plus il se fait notre semblable. Nous ne savons que reconnaître.
Légende et crédits photo : Maryline Desbiolles © Margot Montigny
Née en 1959, Maryline Desbiolles est une écrivaine française. En 1981, elle crée une revue de poésie et de littérature, Offset, puis en 1990, La mètis. Elle est l’autrice d’une trentaine de livres, dont, aux éditions du Seuil, Anchise, prix Femina 1999. Elle a aussi écrit des fictions pour France Culture – Vous, Les petites filles, Frictions, Les Corbeaux – et produit plusieurs émissions – L’arrière-pays niçois : l’épreuve du rêve, Nice, ville perdue ? et Zéphirin des montagnes. Charbons Ardents (Seuil, 2022), retrace l’histoire de la Marche de 1983, pour l’égalité et contre le racisme, de Marseille à Paris, et interroge notamment nos liens avec l’Algérie. Il a reçu l’année de sa parution le prix franco-allemand Franz-Hessel. En 2023, paraît Il n’y aura pas de sang versé, paru chez Sabine Wespieser éditeur en 2023, traite la grève des ouvrières de la soie à Lyon en 1869, la première grève de femmes connue. Son dernier roman L’Agrafe paru également chez Sabine Wespieser éditeur en 2024 suit l’histoire virevoltante de Emma Fulconis à l’Escarène, dans le coeur de l’arrière-pays niçois où se mêlent tragédie et questions de mémoire de la guerre d’Algérie.
Un chien noir, familier et inquiétant à la fois, traverse le livre et le paysage. Ce paysage, c’est celui d’Anchise, apiculteur farouche, veuf inconsolé qui, sur le tard, s’est suicidé par le feu. Aubin était alors un enfant. Il a peu connu son grand-oncle, mais en secret il a joué dans sa maison abandonnée. Au bord de la route, pas très loin de Nice, pas très loin de la ville et déjà à la campagne, minée par les pavillons et leurs clôtures en plastique. Depuis, la maison a été rasée et remplacée par une déchetterie. Et c’est là que, adolescent, Aubin, à deux pas de chez lui, franchit sa propre clôture, le périmètre très étroit de sa famille.
Depuis quelque temps le personnage de ma grand-mère italienne, ce que je savais d'elle, mais surtout ce que je ne savais pas, pas bien, me tirait par la manche, faisait des apparitions dans mes livres. J'ai voulu voir de plus près. Je suis allée à Turin, où elle s'était rendue dans les années 30, en plein régime mussolinien, pour accoucher de son deuxième enfant, accompagnée du premier-né, Primo, qui disparut alors mystérieusement. Je suis allée à Annecy où l'empoigna un autre drame, à la Libération, en pleine fête du 14 Juillet. À Annecy où elle est morte au début du troisième millénaire.
C'est d'abord l'histoire d'une fuite, une fuite à toute allure vers le sud, dans l'émerveillement qu'on a du mal à refuser, une fuite encore plus au sud auquel on croit toujours même si on a commis l'irréparable. On va en Italie, jusque dans les Pouilles, à Bari au bord de la mer. C'est une ville déjà tournée vers l'Orient mais qui a l'air peu ou prou de la ville d'où on vient et les femmes qu'on y rencontre ressemblent à s'y méprendre à celles qu'on a laissées derrière soi. Tout voyage, toute idée de voyage est impossible. Plus on s'approche de l'Étranger, plus il se fait notre semblable. Nous ne savons que reconnaître.