L’atelier des deux rives : interview de Yacine – Villa Gillet

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L’atelier des deux rives : interview de Yacine

Interview /

Découvrez le portrait de Yacine Belaicha, étudiant algérien prenant part au projet L’atelier des deux rives. Il revient en quelques mots sur son expérience de la formation à l’entretien littéraire.

  • Portrait de lecteur

 

Peux-tu te présenter en quelques mots et nous parler de ton rapport à la lecture ?
Je m’appelle Yacine Belaicha, je suis algérien et diplômé de l’École normale supérieure d’Oran. Actuellement, je poursuis un master II en sciences du langage, et je fais souvent des conférences et des rencontres littéraires. Mon rapport à la lecture remonte à mon adolescence : j’ai très tôt ressenti le besoin de mieux comprendre le monde qui m’entoure. Cela m’a conduit à m’initier à la philosophie, avant d’élargir progressivement mon horizon à d’autres genres : essais, romans, nouvelles… La lecture est ainsi devenue un pilier fondamental de mon parcours intellectuel et personnel.

Quels genres de livres aimes-tu lire ? Y a-t-il un livre qui t’a particulièrement marquée récemment ?
Je n’ai pas vraiment de genres littéraires que j’affectionne particulièrement vu que j’aime lire de tout: fiction, que ce soient des romans (historique, policier, fantastique, psychologique) ou non-fiction (essai, philosophie, sciences et vulgarisation scientifique). Un livre qui m’a récemment marqué est Les Guerriers de l’hiver (Michel Lafon, 2024) d’Olivier Norek. Ce roman met en lumière un conflit peu connu : la guerre entre la Finlande et l’Union soviétique au début de la Seconde Guerre mondiale. Son style fluide et son intrigue captivante rendent la lecture immersive et addictive.

Comment choisis-tu tes lectures ? (Conseils d’amis, critiques, hasard en librairie ou bibliothèque, etc.)
Très souvent, c’est grâce aux réseaux sociaux. La médiatisation des livres joue un rôle primordial dans le choix de mes lectures, mais il est vrai que parfois, ce sont mes lectures qui suggèrent mes prochaines lectures. Souvent un livre en suggère un autre, je lis un livre de Nietzsche dans lequel il critique Kant, et je m’intéresse à ce dernier; par la suite Kant critique Descartes, alors je me tourne vers ses œuvres pour mieux comprendre les fondements de sa pensée. Ce jeu d’influences et de renvois crée une dynamique naturelle dans mes choix de lecture, chaque ouvrage ouvrant la porte à de nouvelles explorations intellectuelles. De fil en aiguille, mes lectures s’enrichissent mutuellement, dessinant un parcours littéraire façonné par la curiosité et le désir de compréhension. Parfois, une simple note de bas de page ou une référence en introduction suffit à éveiller mon intérêt et à me guider vers un nouvel auteur, un nouveau courant de pensée, ou même un nouveau genre littéraire.

As-tu déjà partagé tes impressions de lecture avec d’autres, avant cette formation ? (Discussions, réseaux sociaux, blog, etc.)
Oui, j’ai déjà partagé mes impressions de lecture, principalement via des discussions avec ma famille, mes amis, mes enseignants, ou même mon public durant mes conférences ou tables rondes. J’aime bien étayer mes propos avec des citations ou des idées que j’ai déjà lues dans des livres. En ce qui concerne les réseaux sociaux, le partage de mes impressions se résume souvent à une story sur Instagram avec la photo du livre accompagné d’une citation qui m’a inspiré ou que j’ai appréciée.

Quel rôle joue la lecture dans ta vie quotidienne ?
Pour moi, la lecture n’est pas seulement un passe-temps, mais un véritable outil de réflexion et d’enrichissement personnel. Chaque jour, j’essaie de consacrer un moment à la lecture. Elle nourrit ma curiosité, alimente mes discussions et me permet d’approfondir ma compréhension du monde. Que ce soit à travers un essai philosophique, un roman captivant ou un article scientifique, chaque lecture m’apporte quelque chose, une idée, une perspective nouvelle ou simplement le plaisir des mots.

 

  • Expérience de la formation à l’entretien

 

Avant cette formation, avais-tu déjà mené un entretien avec un auteur ou assisté à des rencontres littéraires ? Quelles étaient tes impressions face aux modérateurs ?
Oui, j’ai déjà mené des entretiens avec un auteur et assisté à des rencontres littéraires, en tant que modérateur ou dans le public. Mes impressions face aux modérateurs des rencontres auxquelles j’ai assisté étaient très souvent positives. La plupart des modérateurs ou des acteurs littéraires de ma ville, je les connais et ils m’inspirent. J’ai pu observer différentes approches : certains modérateurs privilégient une conversation très structurée, tandis que d’autres optent pour une discussion plus spontanée, laissant place à l’improvisation. Dans les deux cas, j’ai remarqué que l’écoute active et la capacité à relancer intelligemment le débat sont essentielles pour captiver le public et mettre l’invité à l’aise. Aussi, j’ai remarqué que dans la dynamique d’un échange, il ne s’agit pas simplement de poser des questions, mais de créer un véritable dialogue, en sachant quand intervenir et quand laisser l’interlocuteur approfondir ses idées.

Qu’as-tu découvert sur la préparation des questions qui t’a semblé le plus utile ou surprenant ?
J’ai constaté que j’imaginais systématiquement la réponse de la personne si je posais telle ou telle question, ce que je trouve utile est de ne pas le laisser paraître pour ne pas mettre mon interlocuteur mal à l’aise. J’ai également appris qu’il fallait calculer le temps de la réponse pour bien adapter le nombre de questions et leur pertinence. Pendant le parcours de formation de l’Atelier des deux rives, Amira Ghenim a su transmettre des conseils précieux sur la manière d’aborder un échange avec un auteur, en insistant sur l’importance du respect de son univers et de sa démarche, mais aussi d’avoir une vision universelle de la littérature. Alix Van Pée, quant à elle, m’a particulièrement marqué par son approche structurée et sa capacité à poser des questions percutantes tout en maintenant une fluidité dans la discussion, surtout lorsqu’elle parlait de ses expériences d’interview avec des artistes. Enfin, le Studio Vago a apporté une dimension technique essentielle, en mettant en avant l’importance du cadre sonore, de la gestion de la voix et de l’aspect technique de la production.

Comment as-tu vécu l’apprentissage de la gestuelle et de l’attitude à adopter face à un auteur ? Y a-t-il des aspects qui t’ont semblé difficiles ou naturels ?
Pour ce qui est de la gestuelle et de l’attitude, j’ai pris conscience de l’importance du langage corporel dans la conduite d’un entretien : le contact visuel, l’écoute active, l’intonation de la voix, autant d’éléments qui participent à créer un échange fluide et naturel. Certains aspects m’ont semblé intuitifs, notamment le fait de montrer un intérêt sincère pour l’acteur littéraire, car cela correspond déjà à ma manière d’aborder les discussions littéraires.

As-tu eu l’occasion de mettre en pratique ce que tu as appris ? Si oui, comment s’est passée cette première expérience ?
Oui, j’ai eu l’occasion de mettre en pratique ce que j’ai appris lors d’un échange avec un acteur littéraire lors d’une rencontre. Dès le début, j’ai veillé à instaurer un climat de confiance en adoptant une posture ouverte et en montrant un intérêt sincère pour son travail (on a même parlé de son travail avant que l’interview ne commence). Ce qui m’a semblé le plus difficile, c’était de doser mon intervention : trouver le bon équilibre entre guider la conversation et laisser l’acteur littéraire développer ses idées sans l’interrompre. Parfois, j’avais l’impression de ne pas assez parler, ou des doutes sur les questions posées : seraient-elles comprises ? Aussi, je pensais au temps à respecter et je regardais souvent le chronomètre. Je regrette un peu de l’avoir fait, car c’est devenu une sorte de distraction durant l’interview. Malgré une légère appréhension au début, l’expérience a finalement été très enrichissante et m’a conforté dans l’importance de la préparation, tant sur le fond que sur la forme.

Après cette formation, te sens-tu plus à l’aise et légitime pour mener un entretien littéraire ? Quels aspects aimerais-tu encore approfondir ?
Oui, vu que j’ai appris à structurer mes questions de manière plus pertinente, à gérer mon attitude pour instaurer un échange naturel et à mieux maîtriser le rythme de la discussion. Toutefois, certains points restent à perfectionner, comme la capacité à improviser des relances pertinentes sans perdre le fil conducteur ou encore l’adaptation à différents styles d’intervenants. J’aimerais aussi travailler sur la gestion du temps, afin d’assurer un équilibre entre mes interventions et celles de l’acteur littéraire. Cette expérience m’a d’ailleurs donné envie de lancer un podcast consacré à la littérature, où je pourrais approfondir ces compétences en menant des discussions avec différents acteurs du monde littéraire.

lundi 3 mars 2025

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Étudiant-e-s

L’atelier des deux rives : interview de Yacine

Interview /

Découvrez le portrait de Yacine Belaicha, étudiant algérien prenant part au projet L’atelier des deux rives. Il revient en quelques mots sur son expérience de la formation à l’entretien littéraire.

  • Portrait de lecteur

 

Peux-tu te présenter en quelques mots et nous parler de ton rapport à la lecture ?
Je m’appelle Yacine Belaicha, je suis algérien et diplômé de l’École normale supérieure d’Oran. Actuellement, je poursuis un master II en sciences du langage, et je fais souvent des conférences et des rencontres littéraires. Mon rapport à la lecture remonte à mon adolescence : j’ai très tôt ressenti le besoin de mieux comprendre le monde qui m’entoure. Cela m’a conduit à m’initier à la philosophie, avant d’élargir progressivement mon horizon à d’autres genres : essais, romans, nouvelles… La lecture est ainsi devenue un pilier fondamental de mon parcours intellectuel et personnel.

Quels genres de livres aimes-tu lire ? Y a-t-il un livre qui t’a particulièrement marquée récemment ?
Je n’ai pas vraiment de genres littéraires que j’affectionne particulièrement vu que j’aime lire de tout: fiction, que ce soient des romans (historique, policier, fantastique, psychologique) ou non-fiction (essai, philosophie, sciences et vulgarisation scientifique). Un livre qui m’a récemment marqué est Les Guerriers de l’hiver (Michel Lafon, 2024) d’Olivier Norek. Ce roman met en lumière un conflit peu connu : la guerre entre la Finlande et l’Union soviétique au début de la Seconde Guerre mondiale. Son style fluide et son intrigue captivante rendent la lecture immersive et addictive.

Comment choisis-tu tes lectures ? (Conseils d’amis, critiques, hasard en librairie ou bibliothèque, etc.)
Très souvent, c’est grâce aux réseaux sociaux. La médiatisation des livres joue un rôle primordial dans le choix de mes lectures, mais il est vrai que parfois, ce sont mes lectures qui suggèrent mes prochaines lectures. Souvent un livre en suggère un autre, je lis un livre de Nietzsche dans lequel il critique Kant, et je m’intéresse à ce dernier; par la suite Kant critique Descartes, alors je me tourne vers ses œuvres pour mieux comprendre les fondements de sa pensée. Ce jeu d’influences et de renvois crée une dynamique naturelle dans mes choix de lecture, chaque ouvrage ouvrant la porte à de nouvelles explorations intellectuelles. De fil en aiguille, mes lectures s’enrichissent mutuellement, dessinant un parcours littéraire façonné par la curiosité et le désir de compréhension. Parfois, une simple note de bas de page ou une référence en introduction suffit à éveiller mon intérêt et à me guider vers un nouvel auteur, un nouveau courant de pensée, ou même un nouveau genre littéraire.

As-tu déjà partagé tes impressions de lecture avec d’autres, avant cette formation ? (Discussions, réseaux sociaux, blog, etc.)
Oui, j’ai déjà partagé mes impressions de lecture, principalement via des discussions avec ma famille, mes amis, mes enseignants, ou même mon public durant mes conférences ou tables rondes. J’aime bien étayer mes propos avec des citations ou des idées que j’ai déjà lues dans des livres. En ce qui concerne les réseaux sociaux, le partage de mes impressions se résume souvent à une story sur Instagram avec la photo du livre accompagné d’une citation qui m’a inspiré ou que j’ai appréciée.

Quel rôle joue la lecture dans ta vie quotidienne ?
Pour moi, la lecture n’est pas seulement un passe-temps, mais un véritable outil de réflexion et d’enrichissement personnel. Chaque jour, j’essaie de consacrer un moment à la lecture. Elle nourrit ma curiosité, alimente mes discussions et me permet d’approfondir ma compréhension du monde. Que ce soit à travers un essai philosophique, un roman captivant ou un article scientifique, chaque lecture m’apporte quelque chose, une idée, une perspective nouvelle ou simplement le plaisir des mots.

 

  • Expérience de la formation à l’entretien

 

Avant cette formation, avais-tu déjà mené un entretien avec un auteur ou assisté à des rencontres littéraires ? Quelles étaient tes impressions face aux modérateurs ?
Oui, j’ai déjà mené des entretiens avec un auteur et assisté à des rencontres littéraires, en tant que modérateur ou dans le public. Mes impressions face aux modérateurs des rencontres auxquelles j’ai assisté étaient très souvent positives. La plupart des modérateurs ou des acteurs littéraires de ma ville, je les connais et ils m’inspirent. J’ai pu observer différentes approches : certains modérateurs privilégient une conversation très structurée, tandis que d’autres optent pour une discussion plus spontanée, laissant place à l’improvisation. Dans les deux cas, j’ai remarqué que l’écoute active et la capacité à relancer intelligemment le débat sont essentielles pour captiver le public et mettre l’invité à l’aise. Aussi, j’ai remarqué que dans la dynamique d’un échange, il ne s’agit pas simplement de poser des questions, mais de créer un véritable dialogue, en sachant quand intervenir et quand laisser l’interlocuteur approfondir ses idées.

Qu’as-tu découvert sur la préparation des questions qui t’a semblé le plus utile ou surprenant ?
J’ai constaté que j’imaginais systématiquement la réponse de la personne si je posais telle ou telle question, ce que je trouve utile est de ne pas le laisser paraître pour ne pas mettre mon interlocuteur mal à l’aise. J’ai également appris qu’il fallait calculer le temps de la réponse pour bien adapter le nombre de questions et leur pertinence. Pendant le parcours de formation de l’Atelier des deux rives, Amira Ghenim a su transmettre des conseils précieux sur la manière d’aborder un échange avec un auteur, en insistant sur l’importance du respect de son univers et de sa démarche, mais aussi d’avoir une vision universelle de la littérature. Alix Van Pée, quant à elle, m’a particulièrement marqué par son approche structurée et sa capacité à poser des questions percutantes tout en maintenant une fluidité dans la discussion, surtout lorsqu’elle parlait de ses expériences d’interview avec des artistes. Enfin, le Studio Vago a apporté une dimension technique essentielle, en mettant en avant l’importance du cadre sonore, de la gestion de la voix et de l’aspect technique de la production.

Comment as-tu vécu l’apprentissage de la gestuelle et de l’attitude à adopter face à un auteur ? Y a-t-il des aspects qui t’ont semblé difficiles ou naturels ?
Pour ce qui est de la gestuelle et de l’attitude, j’ai pris conscience de l’importance du langage corporel dans la conduite d’un entretien : le contact visuel, l’écoute active, l’intonation de la voix, autant d’éléments qui participent à créer un échange fluide et naturel. Certains aspects m’ont semblé intuitifs, notamment le fait de montrer un intérêt sincère pour l’acteur littéraire, car cela correspond déjà à ma manière d’aborder les discussions littéraires.

As-tu eu l’occasion de mettre en pratique ce que tu as appris ? Si oui, comment s’est passée cette première expérience ?
Oui, j’ai eu l’occasion de mettre en pratique ce que j’ai appris lors d’un échange avec un acteur littéraire lors d’une rencontre. Dès le début, j’ai veillé à instaurer un climat de confiance en adoptant une posture ouverte et en montrant un intérêt sincère pour son travail (on a même parlé de son travail avant que l’interview ne commence). Ce qui m’a semblé le plus difficile, c’était de doser mon intervention : trouver le bon équilibre entre guider la conversation et laisser l’acteur littéraire développer ses idées sans l’interrompre. Parfois, j’avais l’impression de ne pas assez parler, ou des doutes sur les questions posées : seraient-elles comprises ? Aussi, je pensais au temps à respecter et je regardais souvent le chronomètre. Je regrette un peu de l’avoir fait, car c’est devenu une sorte de distraction durant l’interview. Malgré une légère appréhension au début, l’expérience a finalement été très enrichissante et m’a conforté dans l’importance de la préparation, tant sur le fond que sur la forme.

Après cette formation, te sens-tu plus à l’aise et légitime pour mener un entretien littéraire ? Quels aspects aimerais-tu encore approfondir ?
Oui, vu que j’ai appris à structurer mes questions de manière plus pertinente, à gérer mon attitude pour instaurer un échange naturel et à mieux maîtriser le rythme de la discussion. Toutefois, certains points restent à perfectionner, comme la capacité à improviser des relances pertinentes sans perdre le fil conducteur ou encore l’adaptation à différents styles d’intervenants. J’aimerais aussi travailler sur la gestion du temps, afin d’assurer un équilibre entre mes interventions et celles de l’acteur littéraire. Cette expérience m’a d’ailleurs donné envie de lancer un podcast consacré à la littérature, où je pourrais approfondir ces compétences en menant des discussions avec différents acteurs du monde littéraire.

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