Étudiant-e-s
Découvrez le portrait de Nassim Boutgoura, étudiant marocain prenant part au projet L’Atelier des deux rives. Il revient en quelques mots sur son expérience de la formation à l’entretien littéraire.
Peux-tu te présenter en quelques mots et nous parler de ton rapport à la lecture ?
La lecture est un domaine pour lequel j’ai beaucoup d’attachement et d’estime. Elle m’a appris à décrypter le monde qui m’entoure et m’a offert une ouverture précieuse sur différentes cultures, idées et perspectives. C’est à la fois un moyen d’apprentissage, d’évasion et de réflexion.
Quels genres de livres aimes-tu lire ? Y a-t-il un livre qui t’a particulièrement marqué récemment ?
Je n’ai pas de genre littéraire privilégié, mais je suis particulièrement attiré par les récits de filiation. J’aime les histoires qui explorent les liens familiaux, la transmission entre générations et l’impact du passé sur le présent. Ces récits me touchent profondément car ils mettent souvent en lumière des quêtes identitaires et des relations humaines complexes. Récemment, Sous l’ombre des peupliers de Habiba Touzani Idrissi m’a marqué par sa justesse et son regard poignant sur la jeunesse et l’héritage social.
Comment choisis-tu tes lectures ? (conseils d’amis, critiques, hasard en librairie ou bibliothèque, etc.)
Mes choix de lecture se font souvent au hasard, principalement dans les médiathèques où j’aime flâner entre les rayons à la recherche d’un titre ou d’une couverture qui m’interpelle. Les rencontres littéraires jouent aussi un rôle essentiel dans mes découvertes : le contact direct avec un écrivain, l’entendre parler de son œuvre, de son processus d’écriture, peut éveiller mon intérêt pour un livre auquel je n’aurais peut-être pas prêté attention autrement.
As-tu déjà partagé tes impressions de lecture avec d’autres, avant cette formation (Discussions, réseaux sociaux, blog, etc.)
Oui, j’ai tenté de partager mes impressions de lecture pendant la période du Covid, mais l’audience était très restreinte, ce qui m’a un peu découragé. J’aurais aimé échanger davantage, mais le contexte ne s’y prêtait pas toujours. En revanche, lorsque je suis dans un espace public, comme une librairie, une bibliothèque ou même un café, je n’hésite pas à parler de mes lectures et à échanger avec d’autres passionnés. J’apprécie ces discussions spontanées qui permettent d’élargir ses horizons et de découvrir de nouveaux auteurs.
Quel rôle joue la lecture dans ta vie quotidienne ?
La lecture enveloppe étroitement la pensée, comme un juste vêtement. Il ne faut pas la considérer seulement comme un plaisir, mais aussi comme un véritable moyen d’enrichissement personnel et intellectuel. Elle maximise mon rendement de manière indirecte en affinant ma réflexion, en développant ma capacité d’analyse et en nourrissant ma curiosité. Elle m’aide à structurer ma pensée, à mieux comprendre les enjeux du monde qui m’entoure et à améliorer mon expression écrite et orale. Bien plus qu’un simple passe-temps, la lecture est une source d’inspiration qui façonne ma manière d’interagir avec les autres et d’aborder différentes situations.
Avant cette formation, avais-tu déjà mené un entretien avec un auteur ou assisté à des rencontres littéraires ? Quelles étaient tes impressions face aux modérateurs ?
Avant cette formation, je n’avais jamais mené d’entretien, mais j’ai assisté à plusieurs rencontres littéraires. J’ai toujours été impressionné par la manière dont les modérateurs mènent les discussions : leur aisance, leur capacité à relancer l’échange et à mettre en valeur l’auteur et son œuvre. Ils savent créer une atmosphère propice à la réflexion et rendre l’entretien dynamique, ce qui demande une grande préparation et une réelle sensibilité aux propos de l’auteur.
Qu’as-tu découvert sur la préparation des questions qui t’a semblé le plus utile ou surprenant ? Comment as-tu vécu l’apprentissage de la gestuelle et de l’attitude à adopter face à un auteur ? Y a-t-il des aspects qui t’ont semblé difficiles ou naturels ? As-tu eu l’occasion de mettre en pratique ce que tu as appris ? Si oui, comment s’est passée cette première expérience ? Quelles sont tes attentes et éventuelles appréhensions avant de mener ton premier entretien littéraire ?
Cette formation m’a permis de prendre confiance en moi. Un entretien ne se limite pas à une simple série de questions et de réponses ; c’est un dialogue vivant, une rencontre où la curiosité et l’écoute active sont primordiales. Avant même d’en maîtriser la forme, il fallait en comprendre l’essence : une conversation sincère qui éclaire la pensée et le processus créatif d’un écrivain. Cette expérience m’a appris à structurer ma réflexion, à écouter avec attention, à rebondir sur les propos de mon interlocuteur et, surtout, à oser poser des questions qui suscitent un véritable échange. C’est un bel exercice, rare et stimulant. Il cultive une pensée en spirale, dynamique et vivifiante.
J’ai également compris que la réussite d’un entretien repose sur l’authenticité et la profondeur du questionnement. Il ne s’agit pas seulement de décrypter une œuvre, mais d’explorer la vision du monde qu’elle porte et l’intention de son auteur. J’ai pris conscience que, trop souvent, nous nous contentons d’analyser les textes sans nous intéresser à la démarche qui les a façonnés. Pourtant, c’est en questionnant cette démarche que l’on accède à une compréhension plus intime et plus nuancée de la littérature.
Grâce à cet atelier, j’ai développé une approche plus personnelle et plus audacieuse de l’entretien littéraire. J’ai appris à ne pas chercher à imiter un style, mais à trouver ma propre manière de mener un échange. J’ai ressenti que l’entretien donne une nouvelle voix au lecteur autant qu’à l’auteur.
Je considère la chronique littéraire comme une arrivée devant une maison, dans une rue bordée d’habitations toutes différentes. Le livre, c’est cette maison. J’atteins sa porte : ce que ça raconte, les événements marquants, posés brièvement comme des jalons. Puis, je franchis le seuil. À l’intérieur, j’observe : qu’est-ce qui retient mon regard ? Qu’est-ce qui rend cette maison singulière ? Je remarque une lampe, et sous son éclat, un tapis. Je regarde la lampe, puis le tapis – c’est mon point de vue, mon positionnement. On ne peut pas tout dire, il faut choisir et faire le lien entre différents éléments. Mais s’arrêter là ne suffit pas. Il ne s’agit pas seulement de décrire l’extérieur ou les premiers éléments visibles. Il faut inviter le lecteur à descendre à la cave, à explorer les soubassements du texte, son architecture profonde. Sinon, ce n’est qu’un résumé. Cette production nécessite un point de rencontre, le véritable enjeu du critique est de comprendre l’auteur exactement tel qu’il s’est lui-même compris et de s’intéresser aux caractéristiques particulières de l’objet sur lequel l’œuvre porte. En écrivant la chronique, il est nécessaire de s’ancrer dans la discipline et d’intégrer les autres domaines tels que l’histoire, la psychanalyse, etc. Il faut devenir un lecteur qui réunit.
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Étudiant-e-s
Découvrez le portrait de Nassim Boutgoura, étudiant marocain prenant part au projet L’Atelier des deux rives. Il revient en quelques mots sur son expérience de la formation à l’entretien littéraire.
Peux-tu te présenter en quelques mots et nous parler de ton rapport à la lecture ?
La lecture est un domaine pour lequel j’ai beaucoup d’attachement et d’estime. Elle m’a appris à décrypter le monde qui m’entoure et m’a offert une ouverture précieuse sur différentes cultures, idées et perspectives. C’est à la fois un moyen d’apprentissage, d’évasion et de réflexion.
Quels genres de livres aimes-tu lire ? Y a-t-il un livre qui t’a particulièrement marqué récemment ?
Je n’ai pas de genre littéraire privilégié, mais je suis particulièrement attiré par les récits de filiation. J’aime les histoires qui explorent les liens familiaux, la transmission entre générations et l’impact du passé sur le présent. Ces récits me touchent profondément car ils mettent souvent en lumière des quêtes identitaires et des relations humaines complexes. Récemment, Sous l’ombre des peupliers de Habiba Touzani Idrissi m’a marqué par sa justesse et son regard poignant sur la jeunesse et l’héritage social.
Comment choisis-tu tes lectures ? (conseils d’amis, critiques, hasard en librairie ou bibliothèque, etc.)
Mes choix de lecture se font souvent au hasard, principalement dans les médiathèques où j’aime flâner entre les rayons à la recherche d’un titre ou d’une couverture qui m’interpelle. Les rencontres littéraires jouent aussi un rôle essentiel dans mes découvertes : le contact direct avec un écrivain, l’entendre parler de son œuvre, de son processus d’écriture, peut éveiller mon intérêt pour un livre auquel je n’aurais peut-être pas prêté attention autrement.
As-tu déjà partagé tes impressions de lecture avec d’autres, avant cette formation (Discussions, réseaux sociaux, blog, etc.)
Oui, j’ai tenté de partager mes impressions de lecture pendant la période du Covid, mais l’audience était très restreinte, ce qui m’a un peu découragé. J’aurais aimé échanger davantage, mais le contexte ne s’y prêtait pas toujours. En revanche, lorsque je suis dans un espace public, comme une librairie, une bibliothèque ou même un café, je n’hésite pas à parler de mes lectures et à échanger avec d’autres passionnés. J’apprécie ces discussions spontanées qui permettent d’élargir ses horizons et de découvrir de nouveaux auteurs.
Quel rôle joue la lecture dans ta vie quotidienne ?
La lecture enveloppe étroitement la pensée, comme un juste vêtement. Il ne faut pas la considérer seulement comme un plaisir, mais aussi comme un véritable moyen d’enrichissement personnel et intellectuel. Elle maximise mon rendement de manière indirecte en affinant ma réflexion, en développant ma capacité d’analyse et en nourrissant ma curiosité. Elle m’aide à structurer ma pensée, à mieux comprendre les enjeux du monde qui m’entoure et à améliorer mon expression écrite et orale. Bien plus qu’un simple passe-temps, la lecture est une source d’inspiration qui façonne ma manière d’interagir avec les autres et d’aborder différentes situations.
Avant cette formation, avais-tu déjà mené un entretien avec un auteur ou assisté à des rencontres littéraires ? Quelles étaient tes impressions face aux modérateurs ?
Avant cette formation, je n’avais jamais mené d’entretien, mais j’ai assisté à plusieurs rencontres littéraires. J’ai toujours été impressionné par la manière dont les modérateurs mènent les discussions : leur aisance, leur capacité à relancer l’échange et à mettre en valeur l’auteur et son œuvre. Ils savent créer une atmosphère propice à la réflexion et rendre l’entretien dynamique, ce qui demande une grande préparation et une réelle sensibilité aux propos de l’auteur.
Qu’as-tu découvert sur la préparation des questions qui t’a semblé le plus utile ou surprenant ? Comment as-tu vécu l’apprentissage de la gestuelle et de l’attitude à adopter face à un auteur ? Y a-t-il des aspects qui t’ont semblé difficiles ou naturels ? As-tu eu l’occasion de mettre en pratique ce que tu as appris ? Si oui, comment s’est passée cette première expérience ? Quelles sont tes attentes et éventuelles appréhensions avant de mener ton premier entretien littéraire ?
Cette formation m’a permis de prendre confiance en moi. Un entretien ne se limite pas à une simple série de questions et de réponses ; c’est un dialogue vivant, une rencontre où la curiosité et l’écoute active sont primordiales. Avant même d’en maîtriser la forme, il fallait en comprendre l’essence : une conversation sincère qui éclaire la pensée et le processus créatif d’un écrivain. Cette expérience m’a appris à structurer ma réflexion, à écouter avec attention, à rebondir sur les propos de mon interlocuteur et, surtout, à oser poser des questions qui suscitent un véritable échange. C’est un bel exercice, rare et stimulant. Il cultive une pensée en spirale, dynamique et vivifiante.
J’ai également compris que la réussite d’un entretien repose sur l’authenticité et la profondeur du questionnement. Il ne s’agit pas seulement de décrypter une œuvre, mais d’explorer la vision du monde qu’elle porte et l’intention de son auteur. J’ai pris conscience que, trop souvent, nous nous contentons d’analyser les textes sans nous intéresser à la démarche qui les a façonnés. Pourtant, c’est en questionnant cette démarche que l’on accède à une compréhension plus intime et plus nuancée de la littérature.
Grâce à cet atelier, j’ai développé une approche plus personnelle et plus audacieuse de l’entretien littéraire. J’ai appris à ne pas chercher à imiter un style, mais à trouver ma propre manière de mener un échange. J’ai ressenti que l’entretien donne une nouvelle voix au lecteur autant qu’à l’auteur.
Je considère la chronique littéraire comme une arrivée devant une maison, dans une rue bordée d’habitations toutes différentes. Le livre, c’est cette maison. J’atteins sa porte : ce que ça raconte, les événements marquants, posés brièvement comme des jalons. Puis, je franchis le seuil. À l’intérieur, j’observe : qu’est-ce qui retient mon regard ? Qu’est-ce qui rend cette maison singulière ? Je remarque une lampe, et sous son éclat, un tapis. Je regarde la lampe, puis le tapis – c’est mon point de vue, mon positionnement. On ne peut pas tout dire, il faut choisir et faire le lien entre différents éléments. Mais s’arrêter là ne suffit pas. Il ne s’agit pas seulement de décrire l’extérieur ou les premiers éléments visibles. Il faut inviter le lecteur à descendre à la cave, à explorer les soubassements du texte, son architecture profonde. Sinon, ce n’est qu’un résumé. Cette production nécessite un point de rencontre, le véritable enjeu du critique est de comprendre l’auteur exactement tel qu’il s’est lui-même compris et de s’intéresser aux caractéristiques particulières de l’objet sur lequel l’œuvre porte. En écrivant la chronique, il est nécessaire de s’ancrer dans la discipline et d’intégrer les autres domaines tels que l’histoire, la psychanalyse, etc. Il faut devenir un lecteur qui réunit.
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