C’est une histoire racontée par des os dont nous parle Leila Guerriero dans L’Autre Guerre. À la fin de la guerre des Malouines, lorsque l’Argentine, défaite et même humiliée, déserte les lieux, elle abandonne sur les îles ses soldats morts au combat. Un officier anglais est chargé de les rassembler dans un cimetière sur l’isthme de Darwin. Sur les deux cent trente corps, cent vingt-deux ne sont pas identifiés. Considérant qu’ils se trouvaient sur son propre sol, le pouvoir argentin refusa de les « rapatrier ». Une équipe de scientifiques se constitue trente ans plus tard et entreprend d’identifier les dépouilles des soldats. Non sans rencontrer opposition et difficultés dans une Argentine encore meurtrie par le souvenir de cette guerre – et de la dictature argentine dont cette défaite signa le début de la fin. C’est cette histoire donc que raconte Leila Guerriero, figure du journalisme narratif, avec l’idée de relier la trame du souvenir de ces oubliés de l’histoire et de la guerre.