Poète avant d’être romancier, Lutz Seiler est venu à la prose sur le tard et à la forme longue, encore un peu plus tard. Une trentaine d’années c’est aussi ce qu’il a fallu a l’écrivain (ex-) est-allemand pour produire son grand roman du tournant historique que constitua pour tout un peuple la chute du mur de Berlin et la réunification allemande qui s’ensuivit. Au moment du principal événement de la fin du siècle, Seiler avait l’âge de son héros, Carl Bischoff, 26 ans. Alors que ce maçon de formation se rend dans sa famille dans sa ville natale de Thuringe, le mur s’effondre et ses parents lui annonce qu’ils partent à l’Ouest. Le jeune homme, se sentant abandonné, réalise à quel point ils ont toujours aspiré à ce moment, contrairement à lui qui n’a jamais rien connu d’autre que le régime. Il va au contraire gagner Berlin et découvrir une ville désertée où tout devient soudain possible. Comme réaliser son rêve de devenir poète. C’est aussi en poète que Lutz Seiler retranscrit cette période charnière pour son pays et pour lui. Et l’incertitude (pendant du possible) qui les habita tous deux pendant quelques mois, faisant de Stern 111 un fascinant roman de formation.